Souvenirs d'Asie

Koh Tao et Ko Phagnam sont incontestablement des îles magnifiques et les îles avoisinantes font rêver rien que par leur nom : Koh samui, Koh phi phi et la désormais célèbre Koh Lanta. Mais nous comprenons vite que nous y trouverons rien de plus. On serait détestables de dire qu'on a eu notre lot de paysages dignes de carte postale mais nos précédentes destinations nous on couté cher et nous voulons nous mettre à l'abris du tourisme de masse, renouer avec la nature, trouver un lieu qui ait encore une apparence d'île sauvage. Nous jetons notre dévolu sur l'île de Kotarutao qui fait partie du marc maritime du même nom.On change donc de bord! Après les îles de la côte est, nous embarquons pour la mer d'Adaman, à quelques kilomètres au large de la côte ouest.

Dépourvue de toute construction humaine à l'exception de quelques bungalows de brique non loin du centre d'accueil, cette île à su garder son naturel. A notre arrivée, personne ne nous acceuille pour nous proposer un taxi ou une guesthouse. Pas d'inombrables centres de massages, clubs de plongé ou bars. L'embarcadère ressemble un peu à un site de camp de vacances abandonné.Nous sommes plus que ravis.

On loue une tente, et on se pose le long de la plage à quelques centaines de mètre de là, afin de marier isolement et confort (on profite de l'unique resto et des sanitaires). Presque pas de voisins, le bruit des vagues qui s'écrasent, les minuscules crabes qui creusent des trous sur la plage, le sable qui chante (l'air prisonnier entre les grains émet un son lorsqu'on marche, çà fait "cuic" à chaque pas!), et bien sur les singes. Ces salopards nous volerons nos deux briques de jus d'orange au déjeuner..

Le lendemain on s'arme d'un kayak pour remonter un bras de mer qui s'enfonce dans la mangrove. Le fleuve est large comme deux fois la meuse, bordé de dense forêts de palétuviers. En surplomb, la vie végétale s'est développée sur les rochers ce qui nous donne l'impression de pagayer tels des aventuriers inconscients qui se laissent progressivement avalés par ce fleuve narquois. C'est qu'à chaque courbe du fleuve un embranchement se présente, il s'agit de ne pas se perdre...

Notre objectif : la "grotte aux crocodiles". Ancien repère des reptiles (les derniers ont été vu en 1974, ouf!), cette grotte longe de 500 mètres s'enfonce sous la montagne. Particularité: elle est remplie d'eau.Après une heure de sport (on pagaye à contre courant), on s'enfonce dans les ténèbres, armés de notre courage et d'une lampe de poche. L'atmosphère est étrange, l'air humide et c'est une drôle de sensation qui s'empare de nous.Les plafonds sont couverts de chauves souris. Pas de lumière, pas de bruits...ou presque car le son du vent qui s'engoufre et résonne dans le fond de la grotte ne nous donne pas l'impression d'être les seuls gros mamifères présents...Les crocodiles nous auraient-ils patiement attendus ou sommes nous finalement en train d'être digérés ?  "Bon, si on faisait demi tour?" "Ouiiiii c'est bon on a vu, et on dérange ces pauvres chauves souris..." Après midi riche en émotions donc. Mais Kotarutao n'en a pas fini avec nous : nous nous en allons vers un point de vue pour regarder l'astre solaire partir se reposer qui se retire alors avec toute sa révérence et en profite pour embraser le ciel comme pour nous faire un dernier salut.

Le lendemain matin on aime à se prendre pour Tom Hanks et Robinsonne Cruzoé car la plage est si grande et les visiteurs si peu nombreux qu'on a l'impression d'être seuls au monde, nous et notre tente. On profite de cette acalmie et on lézarde pendant quelques heures mais nous savons que l'île a encore des secrets qu'on veut percer. 3h intensives de marche nous amèrons au repère du garde forestier qui vit ici avec sa petite famille, dans une clairière non loin d'une crique, mi sabloneuse, mi rocailleuse. On installe notre tente et cette fois ci, on est vraiment seuls !

L'eau à marée haute rentre presque dans la tente. Le pied! Au menu du soir, crabe fraîchement pếché et préparé par la femme du garde, absolument dé-li-cieux! Sans doute notre meilleur plat depuis notre arrivée en Thailande. Le lendemain, ballade en fôret le long d'une rivière, on saute de rocher en rocher, on suit la piste des marcheurs précédents en espérant ne pas se perdre dans ce dédale de lianes, d'arbres géants, de pentes abruptes, en évitant de mettre le pied sur un nid de fourmis ou la tête dans une toile d'araignée. Un lézard géant croise notre route avant de s'enfoncer dans les buissons. Après deux heures de marche on arrive à destination: un bassin d'eau transparente et une jolie cascade. L'eau a creusé des tobogans naturels, on se lance et on on saute, le rêve! Les poissons mangent les peaux mortes de nos pieds, tout le monde est contents!

Le soir même encore et toujours ce coucher de soleil. Et puis notre tranquilité viendra être "perturbée" par un couple de Californiens qui semble avoir eu la même idée que nous. On partagera ensemble un feu sur la plage avec un fond de musique et on jouera à qui trouvera le plus gros Bernard Lermitte parmis les dizaines déambulants sur la plage.

L'île est, il paraît, un lieu privilégié pour les tortues de mer, elles viennent y pondre leurs oeufs une fois par an. Le meilleur moment pour les voir sont les nuits précédants la pleine lune, vers minuit. On essaye de tenir bon mais cette journée ereintante nous fera vite sombrer dans un profond sommeil.

On quitte l'île avec une pointe d'amertume, mais le temps passe et il reste tant à voir du pays.

Kho Tao est une petite île de 21km² connue pour ses récifs de corail et elle nous fait la promesse des plages de sables blanc et des cocotiers tant attendus. Et elle la tiendra! L'embarquement à Chumphon nous fait cependant vite comprendre que nous ne sommes pas les seuls à convoiter l'endroit... Une foule de jeunes et leurs sacs à dos embarquent ici chaque jour. La bateau accoste et on hallucine face aux dizaines de représentants d'agences et de guesthouses nous proposant des hébergements ainsi qu'une myriade d'activités (plongée, kayak, tour de l'île en bateau, snorkelling, location de motos, etc...). On se laisse tenter par un bugalow bon marché et on visiter le village qui s'est naturellement développé autour du port.

Sur la carte on repère deux toutes petites plages non référencées dans notre guide. On part à leur recherche à pieds car les seuls moyens de déplacement consistent à soit monter à bord d'un taxi-boat soit louer une moto mais vu le prix et le chemin casse-gueule, on évitera de se faire mal...  La première plage est prive et appartient à un resort où il faut donc payer pour y rester la journée. On continue donc notre route en ayant bon espoir de tomber sur LA plage isolée. Au bout de 30 min à peine, notre petit bout de paradis apparaît ! Une petite plage toute mignonne à l'eau azur, du sable blanc et des bungalows à flanc de colline. Une vraie atmosphère de bout du monde qui nous séduit directement.Demain on prends nos sacs à dos et tant pis pour l'effort à fournir, on veut dormir ici ! Nous y rencontrerons Alizée et Damien, un couple de français extrêment sympathique qui nous feront part de leur expérience dans le pays le temps d'une soirée le tout face à la mer autour de bières et de bougies.

Le reste de notre séjour sur l'île de la tortue sera plutôt sportif : kayak, snorkeling et surtout plusieures heures de marche pour rejoindre la baie de l'extrême Nord. Les thais nous traiterons de fous tant les chemins sont pentus et cabossés et l'air est étouffant au mileu de cette végétation luxuriante. Fin de journée, on empruntera un taxi boat pour rentrer. Hors de question de faire le chemin en sens inverse dans le noir. Pas de coucher de soleil pour nous ce soir car nous sommes du mauvais côté de l'île mais tout de même un fantastique spectacle qui se dresse de toute part du petit bateau : à gauche,l'île et sa forêt dense majestueuse face à laquelle on se sent minuscules. A droite, le ciel et la mer ont décidés de se marier pour le plaisir de nos yeux. Nous ne savons plus si nous sommes dans l'un ou dans l'autre. Le paysage se colore de bleu, de mauve, d'un soupçon de rouge et de toutes sortes d'autres couleurs indéfinissables. On aime à se croire dans un rêve flottant à travers mer et nuages...

On restera sur l'île 3 nuits, toutes les bonnes choses ont une fin. Et quand on parle de bonnes choses... cap sur l'île voisine!

Koh Phan Gnan est un peu plus grande, et recouverte à 70% de fôret tropicale. On accoste, prenons un 4X4 vers l'est de l'île. Trajet de 40 minutes, l'occasion de découvrir le paysage et les habitants, dont beaucoup d'ouvriers occupés à transformer le chemin de terre qu'on emprunte en véritable route, on sent que ce genre de destination est en plein boom... On nous largue non loin d'une plage, et on a déjà une idée de notre cible: thaansadet beach, crique idyllique dans un secteur encore peu exploité, coincée entre jungle et montagne. Quasiment personne, plage magnifique, digne d'une carte postale. Joli bungalow de pierre et de bois, resto hyper sympa, on s'y sent bien. Derrière notre logement une autre plage, remplie de plastiques et de crasses: les restes du tsunami de 2004. Les bungalows sont ici à l'abandon, la plupart ravagés, çà donne une étrange impression de petitesse face à la force de l'océan.

On dort 1 nuit puis on quitte l'île pour éviter l'afflu de touristes arrivant pour la full moon party, on préfère rester au calme (pour l'instant?)

C'est un bus de nuit qui nous mènera à la première étape de notre conquête des paysages paradisiaques : Hua Hin, la ville du Roi.

Mais nous serons bien déçus par cette station balnéaire aux infrastructures beaucoup trop occidentalisées. Pizza, Steack, french fries et même gaufres de Bruxelles sont les quelques exemples des mets proposés aux touristes qui auraient peur de laisser leurs papilles gustatives s'aventurer aux pourtant si délicieux plats Thai. On ne parlera pas des bars aux filles très courtement vêtues ni de la plage colonisée par les transats. Notre seul plaisir sera de manger (encore et toujours) du bon poisson dans un resto en bord de mer et ensuite de boire (l'un ne va pas sans l'autre) une bonne bière sur les rochers de la plage vidée de ses touristes à la nuit tombée. On fait donc vite nos sacs pour poursuivre notre chemin. Cette fois direction Koh Tao !

L'arrivée dans la capitale se fait écrasante. D'abord par la chaleur, ensuite par le poids de nos sac à dos. 19h, il fait noir comme à 22h et chaud comme à 16h. Sim qui a déjà connu la torpeur de la mégapole avance à pas décidés la carte à la main. Je le suis, impréssionnée. Mais bien vite le monstre urbain a raison de nous : on arrête un taxi qui nous libère les épaules et nous dépose à une centaine de mètres de notre guesthouse.

On emprunte une petite rue étroite, puis une deuxième. On suit le fleuve et déjà la ville nous montre un autre visage : moins frénétique, plus charmante. Les bars, guesthouses et petits restos se succèdent dans une ambiance bonne enfant où presque tout se fait à l'extérieur : la cuisine, la récré des enfants pieds nus, le mattage de télé, etc..Et puis des odeurs alléchantes à chaque coin de rue. Il n'en faut pas plus pour nous séduire. Notre premier soir se résumera à un bon repas et à un gros dodo.

Nos deux journées suivantes seront consacrées à la découverte de la ville :

Course effrénée en Tuk-Tuk; promenade au travers des markets de jour comme de nuit;déambulation à Kao San Road, probablement la rue la plus populaire de Bangkok où les oiseaux de nuit viennent s'ennivrer et où l'on s'offrira un massage des petons :)

Mais aussi, China Town, un deuxième Bangkok dans Bangkok même : une vraie fourmilière où on trouve des boutiques de tout, partout. Les trottoirs ne sont pas assez larges pour acceuillir tout ces marchands, dailleurs les tables des resto-roulettes sont installées parfois à même la route. Les motos ont du mal à passer dans ce beau foutoir et les chauffeurs de taxis nous racollent à peu près tous les 5 mètres. Festival de klaxons donc mais aussi de couleurs et surtout d'odeurs ! On se laissera tenter par un plat de fruits de mer cuit au bbq.

Et surtout ballade dans les khlongs, petits canaux le long desquels on découvre la vie de familles dans des maisons (ou plutôt des baraques) construites en bois et en tuiles, le tout sur pilotis. A se demander comment tout ça tient debout! Ici, on flâne, on fait sécher son linge, on pique un somme au milieu de la végétation luxuriante, on fait signe aux farangs (étrangers) qui passent par là.

2 jours et 3 nuits seulement et Bangkok nous laissera donc un souvenir de mégapole contrastée. On aime ou on déteste. En ce qui nous concerne, on a adoré!
       

Sacs empaquetés, ficelés. On n'a plus qu'à attendre l'heure du départ, on est prêts... ou pas vraiment. On a beau avoir esquissé mille fois ce voyage dans notre tête, on sait qu'il ne ressemblera malgré tout pas à ce que l'on a imaginé. Pas d'attentes donc. Juste de l'attente et surtout de l'impatience.

Et quand vient l'heure tant attendue, c'est le temps des aurevoirs. Merci les poulettes, Cloclo et Cam de nous conduire à la gare. Il nous faut trouver notre train. Nous voilà maintenant livrés à nous même. Enfin, c'est ce que l'on pense car c'est sans compter sur la présence surprise de Fred, Françoise et Nadine qui nous acceuillent avec un grand sourire rassurant. Merci à vous :) Et merci "Tata" pour les délieux spéculoos. (On pense sérieusement que tu devrais les faire commercialiser : ils sont parfaits !)

Thalys destination Dusseldorf avec un changement à Cologne. Enfin notre avion, le premier vers Abu Dhabi. 3h d'attente et finalement notre embarcation direction Bangkok !